4. L'équivoque de la démocratie

Par souci de leur survie, selon Hobbes, les hommes se sont donné un souverain et se sont dépouillés, par là-même, de leur liberté personnelle. Pour Hobbes, ce souverain pouvait être un monarque, ou une assemblée de notables, mais aussi le peuple lui-même. On peut ainsi définir la démocratie par la souveraineté du peuple, et si on la conçoit de cette manière, c'est la volonté du peuple, sans doute manifestée par des lois votées à la majorité, qui est la référence ultime dans le champ politique.

Il n'en va pas ainsi dans la conception héritée de Locke : ce n'est pas le peuple qui décide de la validité de la Loi de l'égale liberté : dans le meilleur des cas (la Déclaration de 1789), les représentants du peuple la reconnaissent comme une exigence qui interpelle et qui vient d'ailleurs ; ce ne sont pas eux qui en décident et ils se mettent en tort s'ils la négligent, la méprisent ou l'abolissent.

La démocratie peut ainsi se concevoir de deux manières fort différentes et fort opposées. Et il en résulte une différence notoire dans la manière de concevoir les relations entre la politique et la religion.

Quand Hobbes disait qu'il appartient au souverain de décider de la religion en vigueur dans son domaine, il avait en vue les conflits de l'époque et la question était de savoir si tel pays serait protestant plutôt que catholique. Si maintenant, c'est la volonté du peuple qui décide de tout, on admettra que le protestantisme, ou la catholicisme, sera en vigueur dans telle région parce que le peuple qui y habite en décide ainsi.

Dans l'autre conception de la démocratie, ce n'est assurément pas le peuple qui décide de la Loi ; ce n'est sans doute pas non plus à lui qu'il appartient de décider s'il faut reconnaître l'autorité de l'Evangile plutôt que celle du pape et des conciles.

Fin

Pierre-André Stucki

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